Ce samedi 14 mai, l'hôpital gériatrique Le Kem innovera en organisant une journée portes ouvertes. Une première dans l'histoire de cet établissement, l'objectif consistant à séduire et à recruter… massivement dans tous les secteurs d'activité.

Une première nécessite d'abord un nom : ce sera le Printemps du Kem. Samedi, l'hôpital gériatrique thionvillois ouvrira grand ses portes de 10h à 17h. Dans le hall d'entrée cohabiteront des représentants du lycée professionnel Maryse-Bastié, la Mission locale du nord mosellan, l'association France Alzheimer, la société de restauration Omega pour ne citer qu'eux. On retrouvera, aussi et surtout, les forces vives de cet établissement soucieux de se dévoiler au grand public.
Oui, de se mettre à nu, de faire voler en éclats une idée reçue : « Sur le territoire, on nous considère comme une maison de retraite spécialisée, regrette le directeur Philippe Bello. Or nous ne sommes pas un Ehpad mais une structure hospitalière spécialisée en gériatrie. »
Il insiste sur la différence avant de détailler, un à un, les services qui peuplent le site : unité psycho-comportementale, unité de soins longue durée, hôpital de jour, unité de soins de suite réadaptation, etc. Il s'arrête aussi sur les Jardins du Kem, un Ehpad, c'est vrai, dédié à la patientèle sous l'emprise de la maladie d'Alzheimer.
18 lits fermés
Le Kem, c'est un tout, une structure « qui couvre l'ensemble d'un parcours patient et répond à chaque étape de la maladie. » Le Kem, c'est 200 lits occupés. Enfin en temps ordinaire : « En 20 ans ici, c'est la première fois que j'adapte la charge de travail aux effectifs disponibles. » En deux décennies, c'est aussi la première fois que le dirigeant a dû se résoudre à sacrifier 10 lits de médecine et 8 lits de soins de suite et de réadaptation. Les blouses manquent à l'appel , le blues gagnerait presque cette nature optimiste.
Budget intérim : 1 M€
Un indicateur met en exergue ces difficultés de recrutement : « En 2018, je dépensais… 0€ en intérimaire. Aujourd'hui, notre budget annuel s'élève à 1 M€. » L'intérim n'est donc plus une simple variable d'ajustement. Son recours est vital, tout comme l'emploi de CDD, le contrat aujourd'hui privilégié par ces recrues éphémères. Un choix assumé de la « précarité » qui s'explique aisément : « En CDD, on touche 10 % de plus qu'en CDI. Il y a aussi les indemnités de fin de contrat. Et la perspective assurée de retrouver rapidement un emploi. »
Dans le milieu de la santé, le marché du travail a évolué. Naturellement, presque instinctivement, on cherche le coupable en tournant le regard vers ce riche voisin, parfois encombrant, qui séduit de l'autre côté de la frontière : « Le Luxembourg n'est pas arrivé en 2018. Ce pays a toujours aspiré des professionnels de santé français. Non, nos difficultés ne se réduisent pas au Luxembourg. »
Eric Bello cible plus volontiers un « déficit de formation » : « On ne forme pas assez. Le réservoir est vide. » Le constat est alarmant. Le propos pas (encore ?) défaitiste. Ces derniers temps, Le Kem explore d'autres voies pour séduire. En négociations avec les organisations syndicales, l'hôpital planche sur une refonte de son organisation de travail : « Abandonner les trois postes pour passer en journée continue de 12h répond aux envies des jeunes diplômés. Cela laisse davantage de temps libre. » Reste à vérifier si cette piste, parmi d'autres, suffira à combler la vingtaine de postes en… CDI vacants au Kem.
Article rédigé par Jean-Michel CAVALLI publié dans le Républicain Lorrain du jeudi 12 mai 2022